L'intelligence et sa mesure
(test de QI)


 

 

L’intelligence et le QI sont deux entités très différentes même si elles sont interdépendantes. En effet, l’intelligence est une notion théorique et le QI est sa mesure.


1/ L'Intelligence

 

L’Homme a depuis toujours voulu se classer par rapport à son voisin : par la force physique, la richesse ou encore par ses capacités intellectuelles. L’intelligence fut donc un des premiers domaines de recherche en psychologie. Il ne semble pas essentiel à la compréhension de nos hypothèses d’exposer les nombreuses oppositions théoriques sur ce qu’est l’intelligence qui ont jalonné le XXème siècle. De ce fait, une définition unique et consensuelle apparaît comme relativement peu aisée à extraire de ces débats. Cependant, celle acceptée par cinquante deux psychologues (Gottfredson, 1997) semble bien refléter ce qu’actuellement les professionnels sous-entendent par « intelligence » : « l’intelligence est une capacité mentale très générale qui, parmi d’autres choses, implique l’habileté à raisonner, planifier, résoudre des problèmes, penser arbitrairement, comprendre des idées complexes, apprendre rapidement et à partir de l’expérience ». Deux grands courants se sont opposés et s’opposent encore parfois : les partisans d’un facteur unique et les partisans d’une intelligence multiple. Il semble toutefois que les disparités soient principalement le fait de la conduite des analyses factorielles qui se firent selon des principes différents mais qui, finalement, montrent la même chose (Lautrey, 2001). Ainsi, le modèle le plus consensuel aujourd’hui est celui issu des travaux de Carroll (1993) qui mena une méta-analyse sur les données de 460 études. Ce modèle est composé de trois strates dont la première comprend une trentaine de facteurs primaires, la seconde comprend six facteurs dits de second ordre dont l’intelligence fluide (elle est innée) et l’intelligence cristallisée (elle est acquise et basée sur l’expérience) et la troisième strate, qui fut longtemps le cœur du débat, correspond au facteur général d’intelligence initialement décrit par Spearman (1904).

A l’opposé de ces théories hiérarchiques qui supposent l’existence d’un facteur général d’intelligence, on retrouve notamment la théorie des intelligences multiples de Gardner (1983). Cette vision pluraliste de l’intelligence isole sept formes principales d’intelligence qui sont indépendantes mais qui peuvent interagir. Gardner s’est basé sur l’existence d’individus qui présentent des traits géniaux dans un domaine bien spécifique et pas dans les autres et surtout sur les sujets qui présentent des déficiences intellectuelles mais qui ont des dons dans un domaine tels que les autistes ou les calculateurs prodiges. Si on y regarde bien, ces formes d’intelligence correspondent à peu près à certains des facteurs des modèles hiérarchiques. Cette théorie de Gardner est très critiquée car ce que lui appelle formes d’intelligence ne correspond finalement qu’à certaines composantes cognitives (exemple les capacités musicales, les capacités kinesthésiques…).

 

Compte tenu de l’importance sociale que rencontre l’intelligence dans nos sociétés modernes et l’émergence des techniques d’imagerie qui permettent d’apprécier l’activité cérébrale en temps réel, les études sur le substrat anatomique (tant dans une perspective localisationniste qu’en réseau) de l’intelligence se sont développées ces dernières années avec un certain engouement (voir Deary & Caryl, 1997 pour revue). Il faut préciser que les études se sont essentiellement basées sur une conception unitaire de l’intelligence, c’est-à-dire sur les activations cérébrales lors de tâches de raisonnement inductif (correspondant à l’intelligence fluide ou au facteur g) car ce type de raisonnement demande peu de connaissances antérieures et fait appel aux capacités à découvrir une règle ou un principe permettant d’aboutir à la solution (Bernaud, 2000). La première méthode d’investigation du substrat anatomique d’une fonction cognitive est l’étude de patients cérébrolésés. Ainsi Duncan, Burgess & Emslie (1995) ont étudié le raisonnement analogique à l’aide d’une tâche de type Cattell’s Culture Fair de 3 patients présentant une lésion frontale acquise en comparaison de patients présentant une lésion postérieure (lobe occipital ou temporo-pariétal). Les patients avec lésions frontales ont de moins bons résultats que leurs contrôles pour les épreuves de raisonnement analogique mais ont des résultats comparables pour les épreuves dites d’intelligence cristallisée. Ainsi, ces auteurs concluent à l’importance du lobe frontal dans l’intelligence fluide et le raisonnement analogique.

Une autre méthode d’investigation du substrat de l’intelligence est l’étude des corrélations anatomo-cliniques. Ainsi, Haier, Jung, Yeo, Head & Akire (2004 et 2005) ont montré des corrélations positives significatives entre l’intelligence et le volume de substance grise au niveau des lobes frontaux et pariétaux essentiellement. L’étude en VBM de Gong et al. (2005) souligne également l’importance du cortex frontal médian dans l’intelligence fluide.

Les études en imagerie ont permis de mettre en évidence, de manière beaucoup plus précise et convaincante que les études morphométriques, les substrats neuronaux du facteur général d’intelligence. L’ensemble des études s’est basé sur l’activation cérébrale de sujets sains lors d’épreuve de type Matrices Analogiques de Raven. Ainsi, Prahbakaran et al. (1997) ont démontré en IRMf une activation bilatérale frontale, pariétale, temporale et occipitale principalement à gauche pour une tâche de raisonnement analytique et une activation principalementdroite pour un raisonnement purement figural. Ces auteurs concluent donc à une asymétrie hémisphérique cérébrale du raisonnement ainsi qu’à une asymétrie antéro-postérieure avec une activation supérieure des aires pré-rolandiques. Duncan et al. (2000) ont montré, à l’aide d’une tâche réalisée en TEP auprès de sujets sains adultes, une augmentation du débit sanguin cérébral au niveau du cortex latéral préfrontal bilatéral principalement et au niveau d’une région regroupant le gyrus frontal médian et le gyrus cingulaire antérieur, ce qui confirme le rôle du cortex préfrontal latéral dans le raisonnement, comme le cautionne également Houdé (2005). Partant de ce postulat, Kroger et al. ont mis en évidence, à l’aide d’une épreuve de type matrice de Raven en IRMf, que la complexité des tâches déterminée par le nombre de paramètres ajoutés aux stimuli active le cortex dorsolatéral préfrontal (aire 9 et 46 principalement) avec une prédominance de l’hémisphère gauche. Ces auteurs retrouvent également une activation au niveau du lobe pariétal (aire BA 7) que les auteurs attribuent au traitement spatial de la tâche. Ainsi, un réseau fronto-pariétal semble se distinguer dès lors qu’on étudie l’intelligence selon le prisme des tâches de raisonnement analogique visuel (Lee et al. 2006, Wharton et al. 2000). L’étude de Gray, Chabris & Braver (2003) parue dans une très grande revue (Nature) confirme l’influence de ce réseau fronto-pariétal sur l’intelligence fluide. Neubauer et al. (2004) ont également mis en évidence le rôle majeur du cortex frontal dans une tâche de raisonnement à l’aide d’une technique EEG.

Ces différentes études tendent toutes à démontrer le rôle majeur du lobe préfrontal (pour revue voir Gray & Thompson, 2004) dans une tâche d’intelligence fluide telles que les matrices analogiques. Waltz et al. (1999) proposent que le raisonnement dépende de l’habileté à former et manipuler les représentations mentales des relations entre les différents objets et évènements. Ainsi, le rôle du lobe préfrontal serait d’intégrer ces multiples relations. Cependant comme le souligne Shaw (2007), il faut garder à l’esprit que l’intelligence est supportée par un réseau et non une aire bien délimitée qui comprend le lobe frontal mais également, dans une moindre mesure, certaines aires du lobe pariétal, temporal et occipital (Hayer et al. 2004 et 2005).

2/ Le test de QI

Un test de QI est un ensemble d'exercices ou épreuves standardisés et étalonnés sur une population générale. Elles évaluents différentes fonctions cognitives telles que le lexique, les aptitudes visuo-constructives, la culture générale, les connaissances sociales, le raisonnement inductif....
Le Quotient Intellectuel d'une personne représente un écart par rapport à une moyenne théorique de 100. La répartition des QI de la population générale se fait selon une courbe de gausse dont l'axe de symétrie est 100 avec un écart-type de 15 (l'erreur de mesure est d'environ 5 points). Ainsi, il y a autant de personnes avec un QI à 85 qu'à 115. On considère qu'un QI est dans la norme entre 85 et 115 c'est à dire + ou - 1 écart-type de la moyenne. Si le QI est supérieur ou égal à 130 on parlera de précocité intellectuelle alors que s'il est inférieur ou égal à 70 on parlera de déficience intellectuelle ou retard mental. 
Cependant, il appartient au psychologue d'interpréter un résultat car des chiffres "bruts" peuvent parfois être trompeurs. 

Les premiers vrais tests de QI peuvent être pratiqués à partir de 2 ans et demi ! Avant, certains tests peuvent être pratiqués (Baby-Test tel que le Brunet Lezine R) mais ne donnent pas de QI mais des QD c'est à dire des Quotients de Développement. 

Le psychologue est tenu de vous fournir les résultats du test de QI aux parents ou responsables légaux. Il ne peut invoquer le secret. Certains psychologues refusent de le donner aux parents, cela n'est pas légal. Par ailleurs, certains psychologues pratiquent le test de QI sans en parler aux parents aux préalables. Cela non plus n'est pas légal. Nous sommes tenus d'obtenir le consentement des parents avant de faire tout examen sur l'enfant.



 
 



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